Arusha
Ahlala, dur dur de quitter Zanzibar… Dans l’avion, j’ai la même boule à la gorge qu’à notre départ des Galapagos… Je sais pourtant qu’il nous reste tout un voyage à faire, 15 jours de découvertes incroyables, mais Zanzibar, et Jambiani en particulier, a rejoint le palmarès de nos endroits chouchous dans le monde, là où l’esprit aime se réfugier quand on cherche le calme. Il y avait notamment le Mango Tree, à Hampi, en Inde, la plage de Cabuya, au Costa Rica, Les Tuneles, royaume inhabité des Galapagos ou le cirque de Combe Laval, dans notre Vercors… En voilà donc un de plus !
Direction Arusha, au nord de la Tanzanie. C’est une grosse ville qui sert de porte d’entrée pour les grands parcs nationaux. Eric vient nous chercher à l’aéroport, dans un gros 4x4 de safari. Ça met tout de suite dans l’ambiance ! Après un petit passage à l’agence « Inno safari » où l’on a réservé notre séjour immersif dans le Roi Lion, Eric nous emmène à notre Guest house. Petit couac de réservation de la part de l’agence, l’hôtel n’a qu’une chambre avec un lit superposé de disponible. Eric nous emmène alors dans un hôtel du centre-ville, triste et froid, loin de l’ambiance chaleureuse de la guesthouse où l’on pensait aller.
Bon, l’avantage, c’est que c’est dans le centre et nous pouvons aller nous promener facilement à pied. Autour de l’hôtel, il y a plein de boutiques de tissus et de couturiers. Mais on ne trouve là quasiment que du tissu à carreaux ! C’est ici que se fournissent tous les Massaïs du pays ! C’est très amusant de voir des Massais sur le pas de la porte d’une boutique comparer à la lumière un tissu rouge à carreaux noirs avec un autre tissu rouge à carreaux noirs…
Nous apprenons d’ailleurs que ces tissus à carreaux viennent tout droit d’échanges avec L’Ecosse, au XIXe siècle. Et c’est la même chose pour les bijoux en perles si caractéristiques aujourd’hui de l’artisanat Massaï ! Ces perles viennent tout droit de Chine et ce sont des échanges commerciaux qui en ont fait un attribut de l’Afrique de l’Est… D’un certain côté, ça me rassure de voir un peuple que l’on fantasme comme hyper authentique et proche de ses racines et qui sait assimiler des influences extérieures sans se perdre… Aujourd’hui, par exemple, à leur ceinture, à côté de leur massue en bois et de leur machette, il ont quasiment tous une pochette en cuir pour leur portable !
Avant de partir en safari, nous avons une journée pour visiter Arusha. Eric se propose de nous accompagner. Visite de la place de l’horloge (sponsorisée par Coca Cola), point 0 des routes tanzaniennes, ateliers d’artistes à production industrielle de toiles plus ou moins de bon goût qui combinent animaux de la savane, Kilimanjaro et silhouettes massais, repas bio et pas cher dans un parc du centre-ville géré par une communauté de femmes, et pour finir le « Massaï market ». C’est un rassemblement d’artisans qui vendent tous la même chose : bijoux en perles, couverts en ébène, petites sculptures d’éléphants ou de rhinos en bois, peintures des ateliers cités plus haut… Comme nous sommes les seuls touristes dans cet immense marché, nous sommes hyper sollicités, même si c’est toujours fait de manière très gentille. Cette hyper sollicitation de « Jambo ! Karibu ! Habari ? Come, cheaper price ! » (bonjour, bienvenue ! Ca va bien ? Viens, ici c’est moins cher ! ») ou de « where do you come from ? France ? Paris, Marseille, Lyon Strasbourg ? Paul Pogba ? » (bref, références footbalistiques…), cette sollicitation permanente, donc, a pour effet chez nous de nous embrouiller le cerveau, de nous recroqueviller dans notre bulle et de ressortir de ce marché bredouilles…
Tout l’intérêt de cette balade était surtout la rencontre d’Eric, pur mélange tanzanien entre un père Massaï et une mère Zanzibari, de Jambiani. Il nous raconte que son grand père était chef du village. Pour lui, il était impensable que les gens de son village se mixent avec d’autres tribus… Et puis son fils, le père d’Eric, a fait des études à la ville, à Arusha, et a ramené une jeune femme d’ailleurs… Le grand-père est revenu sur son point de vue, a accepté sa belle-fille, alors enceinte. A la naissance du petit Eric, sa maman n’avait pas fini ses études. Ce sont alors ses grands-parents qui se sont occupés de lui. Ainsi Eric a grandi dans la savane et connait parfaitement la nature. Ce doit être un super guide de safari ! Il nous raconte aussi qu’il avait la peau plus claire que les copains de son âge et que ça lui a valu de belles bagarres… Heureusement, nous dit-il, il habitait la maison la plus respectée du village.
Il a ensuite rejoint sa famille maternelle, à Jambiani pendant quelques temps, avant de faire ses études. Des études pour devenir guide, mais, nous dit-il, il connaissait déjà tout par son expérience de vie dans le village de son grand-père…
Ce n’est pas Eric qui nous emmène en safari mais Lazaro, qui parle Français. Nous ne perdrons pas au change, Lazaro étant aussi une très belle personne. Je vous raconte ça dans le post suivant !
Mots-clés: Tanzanie