Petits plaisirs crétois
Kissamos
Voilà ce que c’est que d’attendre trop longtemps pour écrire. Le temps passe et la Crête semble si lointaine déjà, maintenant que nous sommes en Tanzanie ! Je me replonge donc dans l’histoire… Direction le ferry c’est le soir, la nuit tombe en arrivant à Anticythère. Arrivés en Crête par la pointe nord-ouest, nous nous rendons à l’hôtel, à Kissamos, un ensemble de faux moulins rénovés dignes de Disneyland. C’est amusant, dans un contexte où nous sommes seuls ici. Les enfants peuvent profiter tranquillement de la piscine.
On nous avait dit de ne pas trop rester à Kissamos, que ça n’en valait pas la peine. Nous en profitons cependant pour descendre à la pointe sud-ouest de l’île, passer une journée sur la plage d’Elafonisi. C’est une plage immense, eaux turquoises, sable blanc, voire rose au bord de l’eau qui fait la joie des instagrammeurs…. Elle peut tenir sa réputation de plage la plus belle d’Europe, ou au moins être dans le palmarès ! Après une bonne journée soleil-baignade-château de sable, nous remontons par les petites routes. Nous sommes attendus pour l’apéritif chez Claude et Chantal, que nous avions rencontré un soir sur Cythère. Ils habitent une maison face à la mer, avec une grande piscine dans laquelle les enfants s’empressent de plonger à peine arrivés. Nous regardons le soleil se coucher en sirotant un Ouzo. Claude et Chantal nous donnent leurs bons conseils crétois avant de repartir.
Chania
Notre destination suivante est Chania. Ou Xania, ou la Canée, c’est au choix. Une ville qui porte trois noms, donc… Nous sommes accueillis à la grecque par Dimitra. Corbeille de fruits, longues discussions, confiture maison, ainsi que la bouteille de Raki familial. Elle nous chouchoute !
Elle nous apprend que malheureusement, les gorges de Samaria, où nous voulions aller marcher dans les jours suivants, sont fermées. Elle nous conseille d’autres gorges, plus petites.
Elle revient un peu plus tard pour nous dire qu’après s’être renseignée, les gorges ont rouvert la veille ! Elle nous donne même l’heure des bus et des conseils pour s’y rendre.
Nous allons nous balader avec les enfants dans la vieille ville pour laisser Claire travailler tranquillement. Nous nous perdons dans les ruelles de l’ancien port vénitien. Le centre de la ville, avec ses rues piétonnes, a un charme fou ! Claire nous rejoint pour le coucher du soleil sur la mer. En passant sur une petite place qui donne au-dessus du port, nous découvrons une assemblée de gens discutant tranquillement. Cela nous rappelle Romans, ses agoras et ses associations. Après renseignement, il s’agit d’un collectif qui « protège le bâtiment d’à côté contre la police ». C’est une grande bâtisse à l’abandon qui sert aujourd’hui pour accueillir des réfugiés. Régulièrement la police passe pour détruire portes et fenêtre ou pour couler du ciment dans les canalisations par les wc… Tentatives d’intimidations nombreuses donc au lieu de proposer des solutions d’aides. Les enfants sont choqués d’apprendre que la police a détruit une grande bibliothèque de plus de 2000 livres que le collectif avait collectés pour les occupants des lieux.
Il y a longtemps que nous n’avons pas fait une grande rando. Quand nous voyons les copains voyageurs restés en Amérique qui font des treks de plusieurs jours nous nous disons que nous avons un rythme bien pépère !!
Alors le lendemain, départ à 7h30, par un bus qui nous emmène au milieu de l’île. Vues les routes en lacets, je suis content de ne pas être au volant ! La Crête c’est une grosse montagne au milieu de l’eau en fait ! Nous montons ainsi jusqu’à 1200m d’altitude, point de départ de notre randonnée. Voilà, maintenant, à nous de descendre !
Le sentier démarre par une grande descente en escaliers. On nous a dit qu’en été, il y a presque des embouteillages ici. Aujourd’hui ce ne sont que quelques groupes de promeneurs qui prennent la route vers la mer. Les paysages sont magnifiques, une fois de plus. Après toutes ces bords de mer, ça fait du bien de voir un peu de montagne, ça change ! Un peu plus bas, nous trouvons le lit de la rivière, que le chemin croisera à de nombreuses reprises. Il y a des panneaux aux croisements « Ne mettez pas vos pieds dans l’eau potable ! ». Après la pause déjeuner, dans les ruines d’un ancien village, le chemin s’engage dans des gorges. Ici les panneaux disent « Grand danger, passez rapidement ! » Gloups ! Le paysage minéral est assez vertigineux !
A la sortie des gorges, nous regagnons le village d’Agia Roumeli, en bord de mer. Ce village retiré n’a pas connu de touristes depuis un an et demi ! Ils devaient se sentir un peu isolés ! Pour rentrer, après une petite pause baignade, nous prenons un ferry, pour aller dans un autre village plus à l’est, puis un car qui nous permet de retraverser l’île. C’est assez amusant de voir ces transports en commun remplis de randonneurs, frais le matin et rougis par l’effort et le soleil en fin de journée, après 16km et 1200m de dénivelé !
Rethymno
Notre route continue ensuite vers Rethymno. Avant de partir, nous avons une dernière papote avec notre hôte Dimitra. Nous parlons de nos hésitations pour la suite du voyage… Jordanie, Togo, Namibie ? Le Togo nous tente bien, mais pour y aller il faut que l’on soit vacciné contre la fièvre jaune. Pour l’instant seule Claire a son vaccin. Dimitra nous propose de se renseigner pour savoir s’il est possible de se faire vacciner ici. Elle nous rappellera le lendemain pour nous dire que c’est possible à Chania ou à Rethymno et se propose de nous accompagner, pour servir d’interprète. La gentillesse crétoise incarnée !!
En la quittant, elle nous demande si elle peut nous embrasser ! Quelle question !! Alors après embrassades générales, nous voilà sur la route du nord de l’île, roulant toujours plus vers l’Est.
Rethymno est un autre port vénitien devenu cité touristique. Bien que notre logement cette fois soit plus standard, l’accueil est tout aussi chaleureux ! Stevios, qui gère un petit immeuble d’appartements de location, s’inquiète de nos vacances, si tout se passe bien, si on a tout ce qu’il faut. Il tient aussi une petite supérette au coin de la rue et tous les jours il nous offre, un pain ou des fruits.
Comme d’habitude (les habitudes se prennent vite en voyage) nous sommes basés au nord de l’île et nous allons explorer l’intérieur du pays, jusqu’à la côte sud. A Rethymno, nous aurons visité la ville et son fort, certes, mais aussi fait une jolie balade dans les gorges de Mili, et nous aurons découvert des petites villes comme Margarites, un village de potiers où deux sœurs vendeuses nous ont saoulés en nous faisant gouter toute leur gamme de raki avec de grands sourires, ou Agyropouli pour aller voir un vieux platane de plus de 2000ans entourés de sarcophages creusés dans la roche. Là, nous visitons d’abord le village. Dans la rue, un papy commence à nous montrer les petits détails cachés dans les murs. Ici une colonne antique, là un sarcophage de bébé en marbre qui sert désormais de marche à l’église. Il nous emmène visiter sa cave voutée, datant, selon lui, de l’époque romaine, puis son débarras d’où il nous sort un vieil appareil photo à plaque et nous explique son fonctionnement. Son cabanon est rempli de petites tours Eiffel et de lettres des quatre coins du monde. Après l’avoir quitté, nous arrivons près du vieux platane nous entendons un chant religieux. Instant magique, nous nous asseyons en silence pour écouter. Puis, en nous approchant de l’arbre nous découvrons un homme aux cheveux blancs, barbe blanche qui fredonne quelque chant religieux orthodoxe aux mélodies orientales. Après quelques mots échangés, il reprend son bâton et son sac et disparaît en suivant un sentier. Nous prenons le même chemin quelques instants plus tard, mais, notre rythme étant pourtant plus soutenu que son pas lent, nous ne le reverrons plus. Quelle drôle d’apparition !!
Nous finissons cette balade de l’étrange dans une auberge entourée de fontaines. A l’entrée, un bassin sert de vivier. Au milieu des truites il y a un gros esturgeon. Gabriel devient vite copain avec lui. Le poisson pas banal monte à la surface régulièrement et vient réclamer… des caresses ! C’est incroyable de voir un poisson qui aime se faire caresser ! Il se met même sur le dos pour se faire gratouiller le ventre ! Un chat réincarné, certainement !!
Cette bonne journée se finit par un plat de côtelettes d’agneau dont nous nous régalons avant de rentrer.
Et puis à Rethymno, nous retrouvons aussi nos copains de voyage Niko, Johana et Mani. Nous les avons rencontrés sur une plage des Caraïbes au Costa Rica, puis nous nous sommes retrouvés sur une plage de Majahual, à l’est du Mexique, il est donc normal qu’on se rencontre de nouveau sur des plages de rêves en Crête ! Nous passons une journée ensemble au sud de l’île, sur la plage de Preveli. Niko est graphiste et peintre. Les sujets de conversations ne manquent donc pas ! 😉 Ils viennent de partir quasiment un an aussi, mais ils voyagent trèèès tranquillement (ils sont Suisssses…) Ils ont commencé leur voyage en Crête, puis au Costa Rica, Mexique et retour en Crête… Encore un autre mode de voyage bien agréable.
Héraklion
Dernier point d’arrêt crétois, nous arrivons à Heraklion. Un petit tour en ville nous montre que nous sommes arrivés dans une zone très touristique… brrrr… Vitrines de mauvais goût, magasins de souvenirs emplis de babioles, restaurants collés les uns aux autres en bord de plage dont les terrasses couvrent complètement la plage… Très peu pour nous ! Heureusement nous avons trouvé un petit logement bien agréable dans les hauteurs, au calme, avec piscine.
Par ici, nous sommes plutôt en mode « visistes culturelles ». Nous allons d’abord voir le musée des arts populaires, qui nous raconte la vie en Crête depuis une centaine d’année, puis le musée d’Heraklion. Il y a de nombreuses pièces super belles, que ce soient des sculptures, des bijoux ou des objets de la vie courante. Nous passons quelques heures à déambuler dans ce musée, fascinés par l’art minoéen et l’art cycladique.
Et enfin, le lendemain, nous allons visiter le temple de Cnossos. Palais du roi Minos, emplacement du fameux labyrinthe du minotaure ? Les légendes vont bon train et les archéologues ne sont pas tous d’accord. Nous découvrons que la civilisation minoéenne a certainement été très affaiblie par un tsunami, certainement provoqué par l’explosion du volcan de Santorini, notre prochaine étape. Voilà qui permet de lier les points de notre voyage et de comprendre un peu mieux l’évolution des civilisations méditerranéennes.