Echappée à Guatapé
Et voilà, quelques jours après avoir acheté nos billets de notre prochaine destination, un couvre-feu est déclaré du jeudi soir au lundi matin dans plusieurs régions de la Colombie ! Et bien sûr, nous arrivons un jeudi ! Alors à peine arrivés à l’aéroport de Medellin, nous nous esquivons et prenons un taxi pour Guatapé, petite ville à l'est qui semble ne pas être soumis au confinement. Enfin, ça dépend des messages… Notre hôte nous envoie des messages, pour nous dire que c’est bon, puis qu’on est confinés, puis qu’en fait, non… Les infos émanant même de la mairie sont contradictoires… Et puis finalement, c’est bon ! Nous réchappons au confinement pour notre premier weekend colombien !
Guatapé est une petite ville tout en couleur, à 75km de Medellin. Au bord du grand lac artificiel El Peñol, qui a englouti tout un tas de vallées à la construction d’un barrage. Elle a une particularité vantée dans tous les guides appelée « Zocalos ». Les zocalos sont des bas-reliefs présents sur TOUTES les maisons de la ville. Pain devant le boulanger, voiture devant le garagiste, chacun y va de sa petite scénette. Même l’église a été rénovée et porte 4 zocalos représentant l’Ange, le lion, le taureau et le l’aigle, les symboles des 4 évangélistes.
En regardant par le hublot à notre arrivée nous nous exclamons « Qu’est-ce que c’est vert ! » Après le Mexique, nous sommes impressionnés par la nature verdoyante. La nuit tombe et notre taxi nous emmène à la Casa Kayam, une auberge de jeunesse tenue par un couple français. L’ambiance est sympa, nous rencontrons d’autres voyageurs francophones, Français, Suisse, Québécois... Chaque nuit il pleut sans discontinuer, mais nous aurons trois belles journées ensoleillées.
Guatapé
Le lendemain, nous allons nous promener dans le village. A pied, il faut une bonne demi-heure pour l’atteindre. Nous nous régalons de toutes ces couleurs et nous observons avec amusement tous les Zocalos ! Pour manger, on nous a parlé d’un chouette resto… Une crêperie bretonne ! Jonathan, fils de routard, à beaucoup voyagé aussi. Il n’a pourtant pas oublié ses racines et il est venu s’installer dans la belle Colombie, pour proposer ses crêpes. Un vrai régal !
Balade dans la jungle
Après une journée village, une journée nature ! On nous a recommandé la balade au mirador San José avec une belle vue sur Guatapé et son lac. Au début du chemin, que nous suivons sur l’appli maps.me nous rencontrons un jeune homme qui se promène avec sa mère et son jeune frère. Nous grimpons ensemble le chemin et ils nous racontent la dure vie au Vénézuéla. Nous ignorions tout de la situation catastrophique du pays. Le gouvernement dictatorial (dont le président est accusé de crime contre l’humanité) force un nombre toujours croissant de Vénézuéliens à quitter leur pays. Nous en rencontrerons quelques-uns, tous extrêmement sympathiques, lors de notre séjour ici et nous entendrons beaucoup parler des problèmes colombiens liés à l’immigration massive de leurs voisins… nous croisons aussi un chien, qui décide de nous accompagner. Mieux que ça, même, il nous précède et marque régulièrement des pauses pour nous attendre…
Nos partenaires de marche à deux pattes redescendent à mi-chemin et nous continuons à grimper vers le « mirador » accompagnés du chien. Nous voyons le lac, les différentes vallées englouties, la ville de Guatapé et un gros gros caillou, la Piedra del Peñol, la grande attraction locale que nous pensons grimper le lendemain.
Après un piquenique au sommet devant un super panorama, pour redescendre, nous voyons un autre chemin sur notre appli qui passe par des cascades dont on nous a parlé. C’est parti pour un petit détour… Déjà, le chien nous regarde en semblant dire « euhhh, vous êtes surs ? » Au bout d’une plateforme, le chemin s’enfonce entre des fougères de façon un peu abrupte. Je descends vérifier que c’est bien par là. Le gps du téléphone me dit que je suis bien sur le chemin, et celui-ci s’élargit un peu en longeant une rivière.
C’est parti, nous commençons à descendre. Et plus nous descendons, plus le chemin devient escarpé… Le petit détour que nous avons pris nous occupera pour les 4 prochaines heures. Le chemin, quand on le voit, est glissant, nous passons plusieurs fois au-dessus du vide, parfois en nous accrochant aux racines des arbres ou aux lianes. Régulièrement, nous nous regardons avec Claire, qui ferme la marche. Nous savons que nous sommes dans une situation critique, mais il n’est plus question de faire marche arrière. Malgré la fatigue et l’inquiétude, elle ne dit rien et je lis dans ses yeux la confiance qui me donne le courage de continuer à mener ma petite famille au fin fond de la jungle colombienne, et à les encourager.
Nous ne sommes pourtant pas perdus ! Le téléphone indique toujours que nous sommes sur le chemin ! Et puis, nous avons un guide… Le chien a continué de nous accompagner. Parfois, je ne vois plus le chemin dans la végétation. Je regarde alors par où il passe et nous avançons dans ses pas. Un peu plus loin, il nous attend patiemment… Ainsi nous descendons petit à petit la rivière. Les cascades perdues dans la jungle sont très belles, mais le temps passe... Vue la vitesse à laquelle nous avançons, je crains que le jour tombe vite et que notre balade se finisse en cauchemar…
Enfin, nous entendons des voix. Un groupe de Colombiens se baigne au pied d’une cascade. Ils nous regardent arriver incrédules. Et nous, nous sommes soulagés de les voir. Ça veut dire que le reste du chemin va être plus facile. Une bonne demi-heure plus tard, après avoir traversé la rivière quasiment une dizaine de fois sur des cailloux, nous arrivons enfin au village. Notre guide à quatre pattes a disparu sans que nous ayons pu lui faire une dernière ovation de gratitude… Quant aux enfants, ils ont failli demander l'adoption !!! :)
La Piedra del Peñol
Pour notre dernier jour à Guatapé, nous pensons grimper sur la Piedra du Peñol. Les enfants ne sont pas hyper motivés pour aller marcher de nouveau (bizarre, non ?). Il faut les forcer un peu. Finalement, nous prenons un touktouk pour nous amener au pied du rocher. Nous voici prêts à grimper les 700 marches jusqu’au sommet ! Mais au guichet, désert, on nous demande nos papiers d’identité… Outre le confinement du weekend, qui s’appelle en Colombie le « toque de queda », ils ont inventé le « pico y cedula ». Dans les magasins – et apparemment certains lieux touristiques – on peut rentrer les jours pairs si notre numéro de carte d’identité ou de passeport finit par un chiffre pair, et inversement les jours impairs.
Mais à 4, ça devient statistiquement compliqué d’avoir 4 passeports qui finissent par un chiffre pair ! Et pire que ça, ici, ils veulent le document physique… On ne se balade pas avec nos passeports toujours sur nous ! Nous allons voir le responsable du site pour lui expliquer, pour négocier… Il est tout à fait d’accord avec nous, mais… il refuse obstinément de nous laisser entrer sans passeport physique. Il nous propose de revenir le lendemain avec nos documents, sans même penser à leur histoire de jours pairs et impairs… Nous partons, perplexes devant ces protocoles à la con, ces règles irréfléchies que quelques personnes mettent en place en brassant du vent pour se justifier de faire quelque chose contre la pandémie. On en aura vu des conneries liées au covid !
Finalement, lundi matin, le « toque de queda » est levé à Medellin que nous allons enfin pouvoir visiter. Nous nous y rendons en bus. Petite aventure encore pour aller jusqu’au terminal de bus… Ici, en Colombie, il y a des « chivas bus », ce sont des grosses bétaillères réaménagées et élargies pour transporter des personnes. Nous en reparlerons un peu plus tard… Ces gros bus bariolés ouverts aux 4 vents ont, à Guatapé, leurs petits frères : les « motos chivas » ! Ce sont des tuktuks comme partout ailleurs (en Amérique centrale et en Asie) (mais pourquoi on n’a pas ça chez nous ! C’est tellement pratique !), sauf que ces touktouks sont bariolés comme leurs ainés ! Nous en avons pris beaucoup en s’entassant tous les 4 à l’arrière. Ceux d’ici ont l’avantage d’avoir un toit en bois et non en toile comme d’habitude, et nous réussissons le pari de monter tous dedans avec tous nos sacs ! Ça vaudrait presque une bonne berline ! 😉
Commentaires
Plein de bisous!
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