QUAND ON NE SAIT PLUS...
Voila 5 semaines que nous sommes confinés, quand je dis "nous", ce sont les Français, mais c’est aussi une grande partie des pays du monde. Covid-19 a su mettre le monde à genoux avec une efficacité remarquable et ébranler les certitudes du monde occidental avec aplomb... Moi qui avait l’impression qu’il ne pouvait rien nous arriver... avec un passeport français, une carte bancaire et une bonne assurance... Moi qui écrivais il y a peu : "on ne voyage plus comme il y a 20 ans et dans 20 ans voyagera t-on encore" ? J’ai été prise de vitesse...
Dans 2 mois et 6 jours nous devions partir pour un an en famille avec nos sacs à dos. A l’heure actuelle les frontières sont fermées, la plupart des pays vivent des crises sanitaires et économiques sans précédent, les gens sont confinés chez eux, les écoles sont fermées ainsi que tous les lieux de loisirs, et de commerces non essentiels. Travaillent ceux dont l’activité est indispensable à la marche minimum du pays, télétravaillent ceux qui le peuvent et les autres sont en chômage technique.
Paulo Coelho écrit dans l’alchimiste « quand tu veux quelque chose, tout l’Univers conspire a la réalisation de ta Légende Personnelle », c’est vrai en qu’en début d’année, les pièces du puzzle se sont ajustées avec une précision admirable et on avait l’impression d’avoir un sérieux coup de pouce du destin, mais là, si le message c’est « non il ne faut finalement pas partir » j’avoue que l’Univers a mis les petits plats dans les grands... Bref que faut-il comprendre ?
1/ Faut-il partir quand même dès ce sera possible ? Peut être aura t-on la chance de vivre une expérience hors du commun dans ce contexte avec peu de voyageurs ?
2/ Faut-il reporter ce projet à l'hiver, à l’an prochain ? Je ne peux me résigner à revivre un an de préparatifs ou on n’engage rien parce qu’on sait qu’on va partir... « Maman je voudrai un petit chat... » « Oui mon chéri, mais là on peut pas, comment on va faire quand on partira ? A notre retour, c‘est promis, on prendra un chat... »
3/ Est-ce que le message est plus global ? Stop à la mondialisation, Stop au tourisme ! Si nous persévérons, est-ce que cela voudra dire que nous participons malgré nous à ce grand mouvement mondial polluant ? Et puis c’est vrai qu’est -ce qu’on va faire à l’autre bout du monde, il manquerait plus qu’on fasse comme les conquistadors espagnols et qu’on aille contaminer les peuples que nous venons rencontrer... et si nous avions mauvais accueil, si la suspicion et la peur de l’autre devenaient la norme... (soupir)
4/ Et Cathy et John, nos locataires américains… pourront-ils venir ? Leur vol vient d'être annulé. La situation aux États-Unis est préoccupante... Si la maison n’est pas louée nous n’irons nulle part…
5/ S’il faut aujourd’hui plus que jamais penser local, est ce qu’on passe directement a notre rêve numéro 2, trouver un coin de nature à chérir, où se ressourcer, construire une cabane, et réapprendre, apprivoiser et se faire apprivoiser par la nature ?
6/ Ou alors voyager en mode "slow travel", on part avec nos sacs à dos à pied de chez nous, on traverse le Vercors avec nos 2 enfants...
Je suis quelqu'un qui s’organise, qui anticipe. Là je ne peux rien préparer, je ne sais même plus ce que je préfère entre rester ou partir... Alors j’imagine toutes sortes de possibilités enthousiasmantes. Mais le voyage reste omniprésent, le midi dans nos discussions, la nuit dans nos rêves, dans les paroles d’une chanson, ou une réplique de film. J’admire et suis reconnaissante envers mes enfants de rester philosophes et sereins face à la situation et a l’incertitude la plus complète dans laquelle nous sommes.
Nous ne pouvons, et c’est déjà pas mal, que vivre intensément le moment présent :)