Daniel
Nous avons rencontré un explorateur, un vrai… Un vieux monsieur français de plus de 70ans qui vit tranquillement aujourd’hui dans sa propriété au nord du Guatemala, dans laquelle il loue des chambres assez cossues. Sa vie d’aujourd’hui ne laisse pas voir grand-chose de ce qu’il a été…
En 68, « après avoir jeté quelques pavés à Paris » comme il dit, il est parti au bout du Monde avec son matériel de spéléologie. Direction le Guatemela, où il y aurait plein de grottes à découvrir, de ce qui se disait à cette époque…
Pendant des années il parcourt le Guatemala et le Mexique, principalement à pieds et à travers la jungle. En 74, il découvre une rivière souterraine, qui pourrait bien être la rivière sacrée du Xibalbà, le monde souterrain décrit dans le Popol Vuh (la Bible des Mayas). Les quelques endroits où elle ressort sont recouverts de jungle, donc elle restait invisible d’avion et n’était tout simplement pas cartographiée !
Dans notre brève rencontre, nous écoutons les histoires de Daniel les yeux écarquillés, les oreilles grandes ouvertes. Il nous prête aussi un livre qu’il a écrit sur les Mayas. Tout ce qu’il nous dit ou ce que nous lisons montre son intérêt, au-delà des découvertes souterraines, pour les rencontres qu’il a faites, pour les gens qu’il a connus, au Guatemala ou au Mexique… Une espèce d’Indiana Jones au grand cœur…
Je me souviens qu’adolescent j’aimais aller voir des reportages, dans les cinémas d’Art et d’essai je pense, de « Connaissance du Monde ». Il y avait un documentaire qui était projeté, sur les Mayas, les Egyptiens ou quelque peuple d’Afrique, puis le réalisateur faisait une petite conférence, suivie de questions/réponses. Daniel était de ceux-là. Il revenait régulièrement en France partager ses découvertes à travers ses reportages. Je me plais à imaginer que je l’ai peut-être rencontré il y a 25ans… Il a même formé des équipes sur place apprenant à de jeunes « indigènes » (comme ce mot me gêne… ) à filmer ou à éclairer une scène. On est loin, je pense, de l’esprit conquérant avec lequel sont venus tant d’occidentaux ici…
Voilà, j’idéalise peut-être un peu Daniel, tant sa façon de voyager est loin de la nôtre, nous qui restons quand même sur des sentiers touristiques bien balisés. Je n’hésite pas à lui faire part de ma vision des choses, ce à quoi il me répond que voyager en famille est aussi une véritable aventure… Ces mots resteront un bel appui, les jours de dépression où ce voyage me semble assez vain…
Nous sentons que Daniel aurait encore plein d’histoires à nous livrer. Nous nous promettons de nous revoir, quand nous rentrerons en France. Son pied à terre en France n’est « qu’à 3 h » de chez nous. Vu d’ici, ce n’est pas grand-chose ! Il n’y revient plus souvent, beaucoup de ses amis étant « déjà partis se reposer ». Espérons que nos routes se recroiseront avant le « grand repos », alors !