José, Raul, Paula et les autres…
Nous montons un petit point de vue, à Guadapé. Le mirador San José. Et comme le hasard fait toujours bien les choses, nous rencontrons un jeune homme, José, 19ans. Vénézuelien, il est venu en Colombie il y a 5 ans. L’année dernière sa mère et son frère l’on rejoint ? Aujourd’hui, il leur montre cette balade, qu’il aime bien faire le matin, au pas de course, avant d’aller travailler. Au Vénézuela, la famille de José avait une vie qui semblait confortable… 3 maisons, du travail pour tous… C’était le temps d’avant. Le temps d’un état hyper interventionniste, de la grande idéologie socialiste et des rois du pétrole. Et puis est venue la crise pétrolière, crise économique, sanctions financières des Etats Unis, embargo pétrolier, des manifestations violentes et de dures répressions, un gouvernement très rigide… Alors le père de José à quitté son pays pour le pays voisin, la Colombie, avec son fils ainé. Pour lui offrir une éducation décente, du travail, plus tard. Ils ne récupèreront sûrement jamais les biens qu’ils ont laissés dans leur pays.
Il y a quelques temps, José a rencontré une Allemande. Ils sont venus ensemble en Europe. Il nous dit que ce voyage, ce changement de culture, lui a ouvert les yeux. Il aimerait pouvoir voyager aussi facilement que nous le faisons… Mais tous les passeports ne se valent pas, malheureusement… Alors il est devenu guide, en Colombie… Et le covid est arrivé. Il passe ainsi de petit boulot en petit boulot et rien n’entame son sourire.
Nous sommes choqués d’entendre ce témoignage souriant de la dictature vénézuélienne, sur une situation que nous méconnaissions complètement. Ce ne sera que le premier de notre voyage colombien.
Raul est parti aussi, l’année dernière. On lui a volé son passeport, quelques jours avant qu’il ne passe la frontière, mais ça ne l’a pas empêché de partir… Alors il reste au calme, à la campagne, pour ne pas se faire remarquer. Il semblerait que la Colombie protège un peu les réfugiés qui sont là depuis un moment. Raul doit avoir 25ans, il a le regard clair, rieur. Il prend soin des hôtes qui viennent dans la guesthouse qui l’héberge. Sa chérie, Paula, l’a rejoint aussi il y a 3 mois. Sur son bras, un tatouage : « gone » avec un cœur… Elle aussi est « partie », peut-être définitivement…
Combien sont-ils ainsi exilés ? Quels sentiments cachent leurs sourires, leur chaleur, leur bienveillance ? José nous a montré amicalement le chemin de notre balade, Paula et Raoul nous ont choyés… Ils n’ont plus grand-chose et pourtant leurs sourires nous ont charmés…
A Bogotá, nous rencontrerons aussi des Vénézuéliens peintres sur billets. Le bolivar, leur monnaie, ne vaut tellement rien, qu’ils s’en servent de support de peinture… Nouveau prétexte pour parler de leur situation, pour échanger… Et toujours ces sourires cachent-misère qui les illuminent…
On nous avait dit que l’immigration massive (plus d’un million de personnes) du Venezuela créait des problèmes en Colombie. On peut le comprendre. Comment peut-on diriger un pays et voir ses ressortissants fuir sans se remettre en question ? Et nous que pouvons nous faire pour ces gens ?
Nous mesurons juste, une fois de plus la chance que nous avons, d’avoir cette nationalité, ce passeport, qui font que pour nous tout est beaucoup plus facile… Il ne faudra pas l’oublier quand je perdrai mon sourire pour de petites déconvenues… Continuer de sourire. Je le leur dois !